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Des puffins sous les étoiles

Droit devant nous, le Brésil et à bâbord, le Cap Vert! Ballotés sur un zodiac qui file à pleine vitesse vers le large, nous naviguons avec mon épouse Carole et un groupe de passionnés de cétacés, au sud de l’île de Pico, sur l’archipel des Açores, au milieu de l’Atlantique.

Nous sommes à la recherche de cachalots qui devraient se trouver dans le secteur. Ils n’ont pas été aperçus depuis plusieurs jours, mais les conditions météorologiques n’ont pas été idéales pour des sorties en mer. Nous subissons les restes de l’ouragan qui vient de dévaster la Floride. Le vent a soufflé tellement fort que nous avons dû patienter avant cette première escapade au large.

Nous croisons enfin la route d’un petit groupe de dauphins de Risso que nous approchons très précautionneusement.  Ce sont de jeunes mâles qui semblent jouer dans les vagues. Ils ne sont pas encore recouverts des balafres qui les rendront presque blancs avec l’âge. Nous les observons un moment, mais il est déjà temps de repartir vers la côte, si nous ne voulons pas naviguer de nuit.

Rentrés au port, après avoir passé des heures en mer, éreintés par les secousses du bateau dans les vagues et les claques d’eau salée que nous avons pris dans le visage, nous sommes lessivés.

Nous nous installons sur une terrasse et dégustons un « verdelho » bien mérité.  Ce cépage de l’île de Pico est connu pour pousser dans les interstices de la roche volcanique. Les plants de vigne sont protégés du sel et des embruns par des murets de pierres basaltiques. Pour accompagner cet excellent vin et pour être en communion avec les dauphins de Risso, les globicéphales et les cachalots que nous n’avons pas encore vus, nous passons commande d’une assiette de calamars grillés.

En rejoignant, de nuit, notre petite maison perchée sur les hauteurs du village, nous sommes surpris par de curieux cris et miaulements dans le ciel. Ce sont des puffins cendrés qui naviguent entre la mer et la terre. Ces majestueux oiseaux marins de la famille des albatros rejoignent la côte, dès la nuit tombée, pour nourrir leur gros poussin qui les attend dans un terrier.

Depuis la terrasse, maintenant que le brouillard s’est dissipé, nous découvrons enfin la silhouette du majestueux volcan Pico qui domine l’île de ses 2351 mètres. Sa partie sommitale me fait penser au dos d’un cachalot qui s’apprête à plonger. Mon épouse va se coucher tandis que je reste encore, bercé par le bruit de la mer qui frappe les enrochements du port. Je contemple la voûte étoilée qui résonne de ces cris étranges et observe les silhouettes pâles des oiseaux aux ailes effilées. A l’œil nu, on dirait des étoiles qui se déplacent.

Celle-ci file trop vite pour être un puffin. C’est une étoile filante qui s’est décrochée de la voûte céleste et tombe à l’horizon. Magnifique ! Au vu de la météo favorable qui s’annonce demain, quand nous repartirons au large, en quête du léviathan, mon vœu est fait!