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Pierrot n’a rien à envier à Richard

Après avoir passé une partie de la matinée à dessiner les grèbes qui sont maintenant bien installés sur leur nid, je me pose à la terrasse des Bains des Pâquis, pour prendre un café. Sur la table voisine de la mienne, quelqu’un a laissé les restes de son petit déjeuner. Une jolie tartine à peine entamée trône sur une assiette. Elle fera le bonheur de plusieurs moineaux qui s’approchent déjà. Précautionneux, ils avancent en sautillant, s’arrêtent, lorgnent, tendent le cou. J’entends le crissement de leurs griffes sur la table.

La tentation est trop forte pour que ma présence les réfrène très longtemps. J’ai sorti mes affaires de dessin et m’amuse à l’idée de cet affût improvisé.  L’un des passereaux prélève un petit morceau de pain et s’envole avec son butin. Un joli mâle vient se poser sur l’assiette et se met à table, suivi de près par une femelle. Les deux oiseaux ne semblent plus du tout inquiets et se goinfrent en plongeant leur becs dans la confiture.

Le plumage terne aux couleurs de bures de moine lui a valu son nom. C’est aussi le piaf, le spatz, le pierrot. On l’affuble de l’adjectif « domestique », tant il est commun partout et bien souvent on ne fait plus attention à lui, mais quand on prend le temps de bien le regarder, qu’il est élégant !

Je reçois soudain le message d’un ami sur mon téléphone. Une proposition de sortie d’affût dans le Jura qui se termine par un « au fait tu as vu qu’il y a un pipit de Richard aux Allues ? ».

Les pipits sont des oiseaux insectivores, proches des bergeronnettes. Ils ont des plumages ternes dont les motifs  ressemblent un peu à ceux des alouettes. Plusieurs espèces sont visibles dans notre région et à quelques détails près, ils sont tous assez semblables. Le pipit de Richard que je ne connais que de nom, vit dans les steppes sibériennes et s’égare de temps en temps à l’ouest, lors de ses migrations. Sa présence occasionnelle agite le petit monde ornithologique qui se déplace pour voir l’oiseau rare.

Je retourne à mes moineaux qui sont arrivés en nombre. C’est la curée. Je m’émerveille de la beauté des plumages. L’habit de Pierrot, n’a rien à envier à celui de Richard !

C’est un oiseau magnifique et pas besoin de faire des kilomètres pour espérer une observation, il est là sous nos yeux !