Il y a bien des années, j’ai dessiné dans les Alpes, deux aiglons dans leur nid. L’envie m’a pris de reproduire cette expérience, en suivant par des visites régulières, le développement des jeunes. Pas facile de trouver une aire accessible à bonne distance, car les aigles nichent en falaise. Le problème de la distance géographique et l’accessibilité de l’aire se sont vites posés et c’est alors que j’ai songé au milan noir. S’il n’a pas la noblesse de l’aigle, il en a la forme et bien que n’évoluant pas dans un décor alpin somptueux, il m’offre l’avantage de la proximité. L’oiseau est assez commun dans ma région. On évoque son nom au printemps, lorsqu’il revient après une longue absence, puis, on l’oublie. Je n’imaginais pas encore à quel point le petit aigle allait m’émerveiller…
J’ai donc suivi en 2011 le déroulement de la nidification d’un couple de milans, dans des conditions idéales. J’ai accumulé les heures d’observation, me suis familiarisé avec cet oiseau et récolté de nombreuses images.
J’ai visité depuis le sud de l’Espagne, quand les milans filent par milliers, au-dessus du détroit de Gibraltar. Je les ai vu survoler différentes régions, en migration et suis allé en Afrique, pour les retrouver dans leurs quartiers d’hiver. Enrichies par ces expériences, mes observations du nid les années suivantes ont pris une tout autre dimension. Les milans noirs que je voyais voler au-dessus de chez moi au printemps, me rapportaient des sensations de mer, de montagnes et de savanes…
Un film de Lorraine Hauenstein retrace les contours de ce projet:
Sauvage et urbain, farouche et familier, ce grand baroudeur, résident de mon quartier, incarne assez bien les paradoxes de mon rapport à la nature. Ce n’est certainement pas un hasard si, du pont de la Jonction, il m’a entraîné avec lui pour vivre le plus exotique de mes voyages ! Le milan noir est devenu un but tout autant qu’un prétexte, un magnifique fil conducteur qui m’a offert le plaisir de la découverte et de l’émerveillement, la chance de porter sur ce monde un regard neuf, comme une joie enfantine, simple et sans limites.
Ce projet a donné lieu au livre « En suivant les milans noirs », ainsi qu’à diverses présentations et expositions. Il a pu être réalisé grâce à la Fondation Gelbert, à une autre Fondation qui souhaite rester anonyme et à l’association Clap Nature
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